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devenirs
12 juin 2006

Voilà les indigènes de l’Empire.

Voilà les indigènes de l’Empire.

 

«  La société code les flux et traite comme ennemi ce qui, par rapport à elle, se présente comme un flux non codable, parce qu'encore une fois, ça met en question toute la terre, tout le corps de cette société.»

L’état d’exception capital fonctionne comme une machine à désubjectiver, c’est-à-dire comme une machine qui brouille les identités et, dans le même temps, comme une machine à recoder, juridiquement notamment, les identités dissoutes. Toute lutte de classes est donc aussi et avant tout une lutte des classements : attendre d’avoir une preuve c’est se laisser mourrir.

 

Nous sommes partout, nous sommes déjà là.

 

Le parti des indigènes ne peut être qu’éphémère, animé par des mondes sensibles. Il revendique une qualification juridique et c’est une multitude de tribus qui se fédèrent autour d’une identité qui n’a de sens que spectaculaire, qui n’a de pertinence que par la désintégration dans la communauté étatique.

Cette machine de guerre s’organise en bandes, en meutes, en listes qui adoptent et reproduisent les catégories politiques de l’akazu patrimonial, du corporatisme juridique, de l’activisme étudiant, du syndicalisme ouvriériste.

 

L’immanence de ces singularités remet en question une interprétation univoque de l’évolution cybernétique, elle montre que l’incontrôlable est toujours en germe dans cette vie mise à nue. Dans la guerre de positions, dans le désert métropolitain, dans la forteresse panoptique, peuvent surgir des formes-de-vies balbutiantes, résiduelles, interstitielles. L’occupation de lieux délaissés par la topologie de l’économie politique dominante est la forme-de-vie partisane. Car c’est moins la localisation que sa représentation qui constitue le rapport de force spectaculaire.

 

Les indigènes s’unissent en bandes, les citoyens s’assemblent en assemblages, parfois en assemblées.

 

Le devenir révolutionnaire du sans papier n’est pas le damné de la terre mais l’indigène de l’Empire. L’Empire ne se définit plus essentiellement comme souveraineté sur une surface occupée, mais par une masse : la masse de la population avec son volume, sa densité, avec bien sûr, le territoire sur lequel elle est étendue, mais qui n’en est en quelque sorte qu’une composante. L’indigène c’est-à-dire celui qui est toujours déjà là, se confond avec le territoire par mimétisme, par camouflage. Il essaime en catholique, entreprend en libéral, se défend en justiciable, rencontre en voisin. Qu’importent les rôles ! Il sait lui que rien ne sert de s’exposer et que le corps en souffrance suffit à l’exprimer.

 
L’indigène dépasse ainsi le citoyen, catégorie politique de l’aménagement de la cybernétique, de la soumission volontaire au nouvel ordre impérial. Parce qu’il sait que le jeu, n’est qu’un jeu et que la revendication de reconnaissance se réalise au moment où elle s’exprime dans la politique spectaculaire. Qu’il n’y a rien de plus à attendre de la représentation. Et le citoyen, toujours déjà plus là, ne peut que coloniser, civiliser et démocratiser, traduire dans les termes du spectacle ce qui se joue devant ses yeux et participer à la récupération de ce cri.

 
Construire notre devenir nomade.

 
« Ce n’est pas en terme d’indépendance, mais de coexistence et de concurrence, dans un champ perpétuel d’interaction, qu’il
faut penser l’extériorité et l’intériorité, les machines de guerre à métamorphoses et les appareils identitaires d’Etat, les bandes et les royaumes, les mégamachines et les empires. »

 
Ce que nous accompagnons ce n’est donc pas le mouvement déjà récupéré, ni la reconnaissance des institutions. Nous accompagnons le devenir-nomade propre à toute situation d’indétermination, les sensibles qui se
font et se défont. « Il y a des sciences ambulantes, itinérantes, qui consistent à suivre un flux dans un champ de vecteurs où des singularités se répartissent comme autant d’accidents. » Nous voulons saboter un dispositif de gestion des corps parmi d’autres, déserter la métropole, former une compagnie.

 


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