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12 juin 2006

domestication de l'histoire académique

Une évidente technocratisation de l’histoire académique est en marche[1]. Le contexte économico-politique s’y prête, privatisation de l’université, employabilité des études, mise en concurrence des départements, harmonisation des compétences, déploiement de techniques quantitatives d’évaluation (références publiées). L’université se retrouve aujourd’hui au cœur d’un complexe médiatico-économique, elle est l’une des principales machines à légitimer. La philosophie générale de gestion interne est l’utilitarisme marchand : le sous-financement de l’ensemble de l’enseignement se traduit par une dictature du principe de réalité budgétaire.

    Le travail de l’historien est évidemment influencé par le paradigme dominant, la neutralité axiologique telle qu’elle est mise en pratique dans notre université ne permet pas de penser le rapport de force[2]. Ce conditionnement ne s’effectue pas seulement par le champ du discours possible (ce que nous avons désigné par monopole du capital symbolique) mais aussi par la forme et la finalité du discours historique.

 L’importance accrue du travail immatériel désigne la tertiarisation de l’économie mais aussi la marchandisation de toute forme de production intellectuelle, il s’agit de transformer de la pensée en capitaux. Le rôle même du chercheur en sciences humaines évolue ; dans un contexte de privatisation de l’Université, celui-ci apparaît comme un ouvrier social[3] comme les autres, détenteur d’un savoir à vocation scientifique.

 


 

[1] « La demande d’irrationnel atteint une masse critique sous la poussée d’une rationalisation accélérée de l’environnement matériel et social, et ce au moment précis où l’activité intellectuelle se trouve soumise à la loi de l’offre et de la demande. (…) Plus le monde est maîtrisé et modélisé, plus sa réalité objective s’estompe et s’éloigne des usagers. » R. Debray, le pouvoir intellectuel en France, éditions Ramsay, Paris, 1979, p.342

[2] L. Bernard, approches anthropologiques et politologiques de l’imagologie économique totalitaire, Bruxelles, 2005, p.20

[3] L’hypothèse d’un nouveau prolétariat disséminé dans toute la société, rassemblé à la fois dans les sphères de la production et de la reproduction, un ‘ouvrier social’ dont l’ouvrier masse de la chaîne fordiste n’était au mieux qu’un pauvre prototype, devait être la contribution la plus controversée de Negri à l’exploration de la composition de classe entreprise par la variété italienne du marxisme connue sous le nom d’ ‘opéraïsme’ [operaismo] S. Wright, Confronting the Crisis of Fordism : The Italian debates, Reconstruction 6, Eté 1995/96.

 

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